C’est la frénésie informatique
autour du PC Course de la Mini Transat îles de Guadeloupe. Penchés sur les
fichiers météo, les coureurs n’en peuvent plus de faire tourner des simulations
de routage, d’échafauder des plans sur la comète de recueillir les conseils des
routeurs, des gourous, voire de glaner une information plus ou moins
confidentielle. Tenter d’introduire un peu de rationalité est un excellent moyen
d’exorciser ses peurs et ses doutes. Parfois certains lâchent la bonde, ne
supportent plus trop bien l’attente. C’est le moment de se recentrer sur des
tâches très basiques, de partir faire de l’exercice physique pour se laver des
sensations parasites. Bien évidemment, tout le monde n’est pas logé à la même
enseigne : la zénitude est un art qui se travaille, mais c’est aussi une
prédisposition plus ou moins acquise. Avant le départ de Douarnenez, la
pression était forcément considérable pour de nombreux coureurs : au départ de
la course, pratiquement tous les coureurs étaient entourés de leurs amis, des
proches, de leurs partenaires pour les plus chanceux d’entre eux. Pour tous les
bizuths de l’Atlantique, cette première étape était un véritable saut dans
l’inconnu. Au départ de Lanzarote, la donne a légèrement changé : tous ont déjà
l’expérience de la première étape, le break de quelques semaines a permis à
nombre de coureurs de prendre du recul et les sollicitations des proches sont
moins prenantes. Il reste que traverser l’Atlantique n’est jamais anodin : sans
pression excessive, la concentration reste de mise. Ils ne seront finalement
que 63 coureurs au départ de cette deuxième étape : l’Estonien Jaanus Tame a dû
renoncer à prendre le départ de cette deuxième étape pour raisons
personnelles.
L’alizé au rendez-vous de la première
semaine 25 à 30 nœuds, plus parfois par effet venturi entre les
îles, le début de course promet d’être musclé. Aux allures portantes, les
conditions sont parfaitement maniables, mais devraient favoriser les as du
pilotage, ceux qui sont capables de jouer les équilibristes, de trouver le bon
équilibre entre les feux de la machine à pousser et la zone rouge à ne pas
franchir. L’exercice sera d’autant plus délicat que les Minis partiront avec une
légère surcharge pondérale : en moyenne 25 à 30 kg de nourriture, plus quelque
80 à 120 litres d’eau suivant les skippers. La gestion de l’eau est une sorte
d’hymne au bon sens : il faut intégrer certains paramètres comme le temps de
traversée supposée, les besoins quotidiens et la réserve nécessaire en cas
d’avarie. Au départ de Lanzarote, les Minis auront vu leur poids augmenter de
15% en moyenne : les efforts sur le gréement, les safrans en sont d’autant plus
importants et les risques de casse réels en cas de départ en vrac. Au vu de
la situation météo, certains évoquent des temps records pour la grande
traversée. Mais il est toujours compliqué de tirer des plans sur la comète quand
les échéances météo dépassent les dix jours. Seule quasi certitude,
l’anticyclone des Açores devrait s’effondrer d’ici quelques jours et provoquer
une rupture d’alizé, tout au moins le long de l’orthodromie. Gagner dans le sud
sera nécessaire, mais de combien ? Il faudra être malin, interpréter les
variations du vent, les couvertures nuageuses, surveiller le baromètre. Celui
qui saura le mieux tirer la quintessence de tous ces signes a de grandes chances
de décrocher la timbale à Pointe-à-Pitre.
Comment suivre le départ de Lanzarote
? Départ prévu demain samedi 31 octobre à 13 heure (heure
française) soit 12 heures locales. Analyses et déroulé du départ sur le compte
Facebook Mini Transat Iles de Guadeloupe et sur le compte twitter @MiniTransat
2015 et #MiniTransat2015.
Ils ont
dit : Renaud Mary, Président de la Classe
Mini « On reste dans les quotas habituels :
près de 80% des participants à la course sont des amateurs pour près de 20% de
néo-professionnels. Ce qui m’a frappé, c’est que beaucoup de coureurs ont
échangé nombre d’informations entre eux. Je pense que pour beaucoup, il fallait
évacuer l’appréhension née de la dernière édition. Vu les conditions parfaites
que les concurrents ont rencontrées et qu’ils risquent encore de trouver lors de
la deuxième étape, je ne doute pas que nous ferons de nouveau le plein en
2017. »
Destination les îles de
Guadeloupe Baignées par l’alizé, les îles de Guadeloupe sont
un paradis pour la navigation, quand en métropole il faut subir les rigueurs de
l’hiver. Outre la marina du Gosier point de départ de nombreuses bases de
location, les îles offrent un dépaysement inattendu de Marie-Galante encore
sauvage à la Désirade ou l’archipel des Saintes. La Guadeloupe possède aussi une
tradition maritime vivace qui se perpétue lors des régates des Saintoises, ces
canots traditionnels qui s’affrontent régulièrement au cours de régates
acharnées. Plusieurs skippers guadeloupéens ont déjà participé à la Mini
Transat, de Victor Jean-Noël à François Lamy en passant par les frères Thélier
ou Luc Coquelin. La participation de Carl Chipotel vient perpétuer cette
tradition. Nul doute que son arrivée sera fêtée avec faste de l’autre bord de
l’Atlantique.
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